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MESSAOUD Ahmed

5 avril 2016

Histoire : De nouveaux éclairages sur la bataille

Histoire :

 

De nouveaux éclairages sur la bataille de Djebel Béchar.

 

Pour la commémoration du 56ème anniversaire de la disparition du Colonel Lotfi, du Commandant Ferradj, de Zaoui Cheikh et Breik Ahmed à Djebel Béchar, le 27 mars 1960, nous publions des témoignages inédits relevés dans les archives des forces coloniales et les témoignages du seul moudjahid survivant, Aïssa Benaroussi et d’Ammar Layachi, membre de la wilaya V historique dont le témoignage réfute ce qui a été colporté par Henri Jacquin dans son livre « La guère secrète en Algérie » paru aux éditions Olivier Orban .

Le témoignage d’Ammar Layachi, membre de la wilaya V historique paru dans le quotidien Le Soir d’Algérie du 8 et 9 mai 2015 dément catégoriquement ce qui a été écrit dans « La guère secrète en Algérie  Henri Jacquin  connu sous le nom de code ISK -  Chef du 2ème bureau de l’EM d’Alger et chef et fondateur  du BEL (Bureau études et liaisons) du commandant en chef , le général Salan, et «grand organisateur» de la guerre psychologique et de l’infiltration des réseaux du FLN.

Ammar Layachi dira que son témoignage porte sur le passage du livre consacré au colonel Lotfi. Le poste radio récupéré lors de l’embuscade est l’élément central du récit de Jacquin/IKS. Il prétend que celui-ci lui aurait permis d’exploiter la disparition de Lotfi pour manipuler assez longtemps les services algériens. Dans  « La guère secrète en Algérie »  du colonel Henri Jacquin, paru aux éditions Olivier Orban, ISK dit «Outre Lotfi et son adjoint politique, le convoi se compose d’une équipe radio dotée d’un poste ANGRC, perçu au dépôt de Zaîo, en zone espagnole, et d’une dizaine de HLL, combattants éprouvés… ». Le 26 mars au soir, par message radio chiffré, Lotfi rend compte au PC d’Oujda de sa position et de son intention de prendre une journée de repos avant de poursuivre son voyage le 28 mars en direction de Ksar el Azouj. » Il est dit plus loin que lorsque le 28 mars, au matin le colonel IKS qui, pour ne pas rendre sa présence insolite, arbore pour l’occasion les modestes galons de capitaine, arrive en hélicoptère sur les lieux, le combat est déjà engagé. Plus loin encore, ISK dit « Vingt-deux hommes gisent parmi les rochers. Photo en main, le colonel IKS identifie Lotfi, une large plaie au cou, le regard vide, un peu étonné, il étreint son arme encore chaude. Il est mort courageusement, il lui eût été si facile d’agiter un chiffon blanc qui aurait bien embarrassé le chef du BEL. Un légionnaire lui ferme les yeux. Un seul blessé : le radio. A chaque inspiration, un affreux gargouillement sort de sa poitrine, des bulles sanguinolentes viennent crever sur ses lèvres. - Il est foutu, diagnostique brièvement l’infirmier, il a une rafale dans les poumons. »

 Une première faute de taille saute aux yeux. La bataille de Djébel Béchar a bel et bien  eu lieu le 27 mars et non le 28 comme le dit ISK dans son livre. A moins qu’il ne serait venu un jour plus tard tuer des moudjahidine morts la veille. Deuxième faute ; ISK alias Henri Jacquin dénombre 22 morts sur un le champ de bataille où il n’y avait que 4 morts et un blessé à  savoir le colonel Dghine Lotfi, le commandant Ferradj, Zaoui Cheikh, Breik Ahmed et Laroussi Aïssa.  Aucun de ces trois derniers n’était technicien radio. C’étaient de simples djounoud qui ont été choisi pour leurs connaissances du chemin que devaient prendre Lotfi et Ferradj pour se rendre jusqu’à Laghouat. Zaoui Cheikh de la frontière marocaine à Djebel Béchar ; Laroussi Aïssa de Djebel Béchar à Géryville ; Braïk Ahmed (de la tribu desChaamba) de Géryville à Laghouat. ISK ne parle point dans son livre du seul survivant à savoir Laroussi Aïssa qui blessé et à cours de munitions sera fait prisonnier.  C’est ainsi que Ammar Layachi réfute magistralement  toutes les allégations du colonel Henri Jacquin quant à l’existence d’un poste radio  ANGRC

A la date de la bataille de Djebel Béchar, au nombre des moudjahidine morts sur le champ d’honneur et de l’ignorance de la capture vivant du cinquième homme. 
Pour la vérité historique, nous nous référons à l’allocution de l’ex-ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, qui a passé 7 ans dans les rangs de l’ALN, de 1956 à 1963, en tant que SG du DDR du MALG et compagnon du Colonel Lotfi, retraçant, lors de la commémoration du 50ème anniversaire, le parcours du Combattant, pour mettre fin aux nombreuses interprétations sur le fait de la découverte de son infiltration dans le territoire occupé. Il a alors fait lecture de deux documents authentiques des forces d’occupation. Pour le recoupement, nous avons vérifié ces faits cités avec le contenu du rapport n° 1206 en date du 22 avril de la Justice de paix de Colomb-Béchar, cité dans le témoignage inédit du défunt général Ali Djemaï, dit Si Khaled, ancien commandant de la Garde républicaine, sur la mort du Colonel Lotfi offert en exclusivité par Mme Lamia Benblidia, fille du défunt Ali Djemaï, au supplément n°1 -mai-2012 de Mémoria , le magazine consacré à l’histoire de l’Algérie.

Le P.V de la gendarmerie française
Le P.V de la Gendarmerie française établi le 9 avril 1960 cite que « le 27 mars 1960, l’opération montée sur exploitation des traces de 5 dromadaires à Djebel Béchar relevées par avion de surveillance à midi. Au cours de l’action, 4 rebelles étaient tués et 1 cinquième fait prisonnier. Du côté des forces de l’ordre 5 morts étaient à déplorer et 3 blessés dont un officier. Les rebelles laissaient sur le terrain deux fusils Mas 49, deux carabines, un pistolet-mitrailleur 40 Moser ainsi que des documents. » Voilà tout ce qu’a dit Ould Kablia, il n’y avait ni poste de transmission ni autre chose. Il cite les déclarations des officiers ayant participé à cette opération.

Rapport du chef de la 4ème compagnie aéroportée
«…le 30 mars, nous Morgan Henri, 33 ans, lieutenant actif de la Légion étrangère, chef de la 4ème compagnie aéroportée, déclarons qu’à 9 h du matin du 27 mars 1960, ma compagnie a été alertée pour se préparer à une opération à Djebel Béchar plus exactement à Oued Lekhenag, où venaient d’être découvertes des traces de dromadaires. A 9 h 30, je recevais l’ordre du secteur de Colomb-Béchar de me porter avec toute ma compagnie vers la côte 941. Je suis arrivé avec mon 2ème peloton au lieu indiqué à 10h 30. Mon 2ème peloton escaladait le Djebel. J’ai pris place dans un hélicoptère Alouette pour aller prendre des ordres auprès du colonel qui commandait l’opération. Après prise de contact avec lui, j’ai donné ordre à mon 2ème peloton de s’approcher de 500m du lieu où se trouvaient les rebelles, puis j’ai envoyé le 3ème peloton pour assurer la protection des pisteurs de commandos de chasse (harkis) qui suivaient les traces de la caravane. Arrivés à proximité du confluent de l’oued, le commando était pris à partie par les rebelles. Le 2ème peloton tentait le dégorgement par le Nord, du fait du tir ajusté des rebelles. Le sous-officier chef de groupe était grièvement blessé et trois légionnaires tués. A ce moment-là, je me lançais avec mon peloton vers le lieu de l’accrochage dont j’étais séparé de 300 m et j’ai donné ordre au 3ème peloton de se porter vers le confluent de l’oued où étaient retranchés les rebelles. Le 3ème peloton a rejoint le commando qui se trouvait sous le feu des rebelles et le chef de peloton, le lieutenant Bezou, fut grièvement blessé à son tour. Les rebelles complètement encerclés opposaient une vive résistance. Ordre fut donné de se replier pour laisser place à l’intervention des hélicoptères de combat. Une demi-heure plus tard, la riposte des rebelles s’éteint et les armes se turent. Le combat était terminé. En ce qui concerne le résultat :

Les morts
1-Alphonse Timmer, né le 17 mai 1935 à Grimbergen en Belgique, sergent de la 4e compagnie saharienne portée.
2-Claude Draemes, né le 19 juin 1935 à Ucode en Belgique, soldat de la même compagnie.
3-Andreas Featko, né le 17 janvier 1939 en Hongrie, soldat de la même compagnie.
4-Prekus Wladislar, né le 15 juillet 1936 à Mouastaz en Pologne, soldat de la même compagnie.
5-Aïssa Berramdane, né en 1919 à Abadla, harki du 2ème commando de chasse à la CCAS du 35ème régiment d’infanterie de Béchar.
Les blessés :
1-Louis Bezou, né le 18 mars 1930 à Pantin (Seine), lieutenant de la 4ème compagnie saharienne.
2-Jean Megchalsen, né le 24 novembre 1934 à Almelo en Hollande.
Il reste entendu que les pertes ennemies révélées ne concernent que la 4e compagnie saharienne portée, celles subies par le 35ème régiment d’infanterie, unité qui s’était accrochée en premier avec le groupe de nos valeureux combattants, n’ont pas été citées.

Témoignage du seul moudjahid survivant à cette bataille
De son côté, le moudjahid Aïssa Benaroussi, fait prisonnier, fait la déclaration suivante après l’indépendance de notre pays: « Lorsque j’ai rencontré Lotfi, il m’a fait part de son projet, il m’a demandé de prendre une arme automatique et de choisir cinq dromadaires parmi les plus résistants. Nous étions cinq, en effet, à nous infiltrer à partir de la frontière sud vers Béchar. Il y avait le colonel Lotfi, le commandant Ferradj, deux djounoud, Cheikh Zaoui et Ouled Ahmed, et moi-même. Auparavant, les deux officiers devaient se rendre à une importante réunion des cadres de l’ALN et se séparèrent des deux djounoud et de moi-même à Boudenib où il était convenu que nous nous retrouverions après 3 jours, mais la réunion n’a duré que 2 jours. Lors de la traversée, nous fûmes d’abord intrigués par le manège d’avions ennemis au-dessus de nos têtes, puis nous comprîmes que nous étions pistés au sol. De nombreux indices montraient que les forces colonialistes amorçaient un encerclement. Notre petit groupe commença alors à zigzaguer d’un endroit à un autre pour éviter les pluies de balles qui nous sifflaient aux oreilles et aussi pour se positionner à la riposte. Les avions commencèrent à larguer des parachutistes au sud puis nous fûmes complètement encerclés. J’avais conseillé de gagner les rochers, sur les hauteurs pour mieux nous défendre, mais le colonel avait déjà donné ordre d’ouvrir le feu.
Les avions nous mitraillaient de partout tout en nous lançant des grenades fumigènes. Nous avons réussi à abattre un B-29, quand les premiers hélicoptères-ambulances firent leur apparition pour évacuer leurs morts et blessés. Je me rappelle qu’au moment où la bataille faisait rage, Cheikh Zaoui disait que c’est dans de telles circonstances que nous montrerons à l’ennemi que nous sommes des hommes, de vrais ! Je me rappelle aussi que c’était juste après que ma carabine se soit enrayée que les commandos ennemis se sont rapprochés. Lequel de mes compagnons est tombé le premier ? Je ne saurai le dire. De rage, j’ai laissé tomber ma carabine et au moment où je me suis retourné, ils gisaient tous à terre. » Le même témoin de l’accrochage a déclaré, quelque temps plus tard, à la RTA qu’une balle avait atteint le cœur de Si Lotfi après avoir traversé son portefeuille et lorsque le commandant français, chef du commando, avait reconnu les corps, il tint les propos suivants : « Si nous savions qu’il s’agissait de Lotfi et de Ferradj, nous nous serions contentés de les faire prisonniers.» Nos martyrs ont donné une leçon de courage en cette inoubliable matinée du 27 mars 1960 et montré comment tomber en héros sur le champ de bataille face à 450 hommes de la Légion étrangère et d’un commando de chasse.
La lecture du P.V dressé par les forces de l’occupation montre que la Légion étrangère s’est repliée après avoir perdu 5 hommes et a laissé place à l’intervention des hélicoptères de combat pour venir à bout de 5 moudjahidine armés de deux fusils Mas 49, deux carabines et un pistolet-mitrailleur 40 Moser. Les héros de ce 27 mars 1960 se nomment : Dghine Benali, plus connu sous le nom de guerre Colonel Lotfi, Mohammed Laâouedj, dit Commandant Ferradj, les djounoud Zaoui Cheikh, Brik Ahmed et Benaroussi Aïssa. Ce dernier, blessé a été capturé vivant et emprisonné jusqu’à l’indépendance où il a terminé sa carrière dans la Gendarmerie nationale. Il a rejoint ses compagnons de combat dans les années 80 après avoir vu l’Algérie indépendante. Sur les épitaphes du cimetière des Martyrs de Béchar, on peut lire : Dghine Benali, dit Colonel Lotfi, fils de Abdelkrim et de Laâkbani Mansouria, né le 7 mai 1934 à Tlemcen et décédé à Béchar, le 27 mars 1960. Pour le Commandant Ferradj, de son vrai nom Mohammed Laâouedj, fils d’Ahmed, né à Ouddana, commune d’Aïn Ghoraba dans la wilaya de Tlemcen en 1934.Curieuses coïncidences de l’histoire de ces deux glorieux martyrs. Ils sont nés tous les deux en 1934 et dans la même ville. Ils ont rejoint le maquis en 1955 et sont tombés au champ de bataille le même jour et au même endroit, les armes à la main.
                                                                                                    Messaoud Ahmed

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5 avril 2016

Béchar : 86e anniversaire de la bataille de

Béchar : 86e anniversaire de la bataille de Maksem Hallaba

Dans le cadre des festivités du 60e anniversaire de la Révolution de novembre 1954, les habitants de Béchar ont célébré le 86e anniversaire de la bataille de Maksem Hallaba, sur la route menant de Béchar vers Taghit, au cours de laquelle le général Clavery et quatre officiers ont été tués et trois autres blessés.

Pour plus d’informations sur ce sujet, nous nous référons aux archives françaises concernant ce haut fait d’armes qui montre l’opposition farouche des tribus de la région du Sud face à la «pacification». « Le 8 décembre 1928, dans l’après-midi, trois véhicules de l’armée suivent une piste du Sud-Est, dans la région de Colomb-Béchar. Ils achèvent une visite d’inspection du territoire qui est en voie de pacification. Le premier véhicule, une camionnette, parvient au sommet du col du Maghzen et s’engage dans un étroit défilé. C’est alors qu’est pris sous le feu des armes de seize rebelles dissimulés derrière des rochers, à quinze ou vingt mètres au-dessus de la piste. Les occupants de la camionnette sont tués. Vingt-cinq minutes plus tard, arrive la voiture dans laquelle a pris place le colonel Amédée Clavery, commandant supérieur du territoire d’Aïn Sefra. Il est, à son tour, atteint mortellement d’une balle. Cinq minutes après, survient le dernier véhicule à bord duquel se trouve le propre fils du colonel, le maréchal des logis, René Clavery, qui a demandé une permission pour accompagner son père. Il va soutenir le combat jusqu’à huit heures du soir et réussir à tuer l’assassin de son père. Finalement, sur les treize hommes composant le convoi, cinq furent tués et trois ont été blessés, tandis que les cinq autres, dont René Clavery, sortirent indemnes de l’embuscade. Ce guet-apens avait été rendu possible par la trahison des supplétifs chargés d’assurer la sécurité du passage. Le colonel Clavery mourut sans savoir que, la veille, il avait été promu général : le décret ne devait être publié que le 12 décembre 1928.Prosper Charles Amédée Clavery est né le 15 janvier 1870, à Paris. Après des études à Condorcet, le futur général Clavery s’engagea à 18 ans dans l’infanterie, à Rouen. Il passa quarante années sous les drapeaux, presque exclusivement en Algérie, au Maroc et dans le Sahara. La connaissance qu’il avait ainsi acquise des populations arabes et berbères, de leurs chefs, de leur langue et de leurs mœurs, comme de la situation politique et militaire de ces contrées, conduisit les autorités à lui confier, en 1926, la responsabilité du vaste territoire sur lequel il devait trouver la mort. »
                                                                                 Messaoud Ahmed

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